Quand un groupe traverse une crise
Quand un groupe traverse une crise

Quand un groupe traverse une crise

« C’est la crise dans mon collectif ! », ça veut dire quoi au juste ? Qu’est-ce qui se passe ?

Cet été, au détour d’une formation, j’ai (re)découvert l’analyse institutionnelle. Ce courant des sciences sociales permet d’éclairer ce qui se joue dans les groupes – ou « institutions »*- notamment en cas de crise.  * Institution : un groupe avec « un ensemble de normes qui régissent l’organisation des rapports sociaux entre les individus. » (Remi Hess)
Tu as peut-être déjà entendu quelqu’un dire qu’un groupe c’est « plus que la somme de ses individus ». Mais alors, qu’est-ce que c’est ce « plus » ?
Ça peut être les relations entre les membres, des comportements, des postures, des influences extérieures : tout ça participe à faire du groupe ce qu’il est !

En analyse institutionnelle, tout ce « plus » est appelé « forces sociales ».
Prenons par exemple une association de cyclistes. Les forces sociales présentes au moment de sa création pourraient être :  Une personne motrice (Colette qui a un réseau de fou, et rassemble plein de monde autour d’elle) Un besoin prégnant (manque de pistes cyclables) Des liens amicaux avec la Mairie Des locaux en centre-ville Toutes ces forces vont ensemble constituer la forme sociale. C’est-à-dire une institution avec une organisation, un fonctionnement, des normes qui lui sont propres.

Le truc avec les forces sociales, c’est qu’elles sont vivantes. Et même en constante évolution ! Les forces sociales sont sans cesse modifiées par des évènements ou des forces nouvelles, qu’on appelle « des instituants. » 

Par exemple :

  • Colette part fonder une autre association, qui lui prend plus de temps
  • Louis-Karim arrive comme coordinateur, il souhaite instaurer un fonctionnement plus auto-gestionnaire
  • Alternance à la Mairie : il faut être plus insistant pour avoir des subventions
  • Des pistes cyclables, il y en a. L’accès aux vélos pour tous, et la réduction de la voiture sont des nouveaux enjeux.
  • Les locaux en centre-ville deviennent trop cher

Avec ces fluctuations de forces sociales, la forme devient automatiquement obsolète. Et souvent, elle n’évolue pas. C’est la forme initiale qui continue d’opérer. 

  • Les personnes continuent le fonctionnement porté par Colette, attendent des directives
  • Il est inconcevable de déménager dans un autre quartier
  • On continue d’entretenir des bons rapports avec la Mairie, bien que celle-ci ne serve plus nos intérêts

👉 C’est cette immobilité dans la forme sociale qui mène à la crise : les forces sont comme bloquées dans une forme qui ne leur convient plus.

Quand on a le sentiment que tout part en cacahouète, on focalise sur un changement, un bouleversement -et c’est bien normal ! Alors que ce n’est pas l’évènement en lui même qui a provoqué la crise, mais la façon dont la forme sociale s’est immobilisée suite à ce changement. Traverser la crise revient ainsi à remettre du mouvement. Pour cela, il s’agit dans un premier temps de reconnaitre les forces sociales qui traversent le groupe. Autrement dit, quelles sont les normes implicites à l’œuvre ? Qu’est-ce qui va tellement de soi que ce n’est jamais dit, ni explicité ?

🪂​ Pour aller plus loin sur cette notion d’implicite et explicite dans les groupes, je t’invite à parcourir ce précédent article en cliquant ici.

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