Publications satiriques, petits canulars rigolo, blagues douteuses … j’en suis friande, en général. Mais parfois, la façon dont c’est fait me pose question. Comme pour beaucoup de chose en collectif : c’est une question de contexte !
Au delà des poissons d’avril, je trouve gênant la manière dont la portée de l’humour n’est pas questionnée dans certains collectifs.
Je vois régulièrement passer sur Linked In, des publications vantant les mérites de l’humour au travail.
En voila un exemple qui apparaît régulièrement dans mon fil d’actualité :
À lire ça, j’ai envie de ranger définitivement l’humour au placard, dans une banette étiquetée « ça peut servir mais c’est pas intéressant ».
Plus sérieusement, pourquoi je trouve que ça pose problème?
- Ça pose l’humour comme bon par nature, sans aucune critique
- Ça fait peser une injonction sur le rire. Soit quelque chose qu’on ne peut pas contrôler : qui se dirait « tiens je vais me mettre à rigoler des blagues de Jean-Christian parce que j’ai vu un post qui disait que c’était bien » ?
- Ça permet de déresponsabiliser les personnes qui utilisent l’humour comme moyen de domination… tout en catégorisant les personnes qui les dénoncent, de rabat-joie, qui va à l’encontre de l’esprit d’équipe
En miroir de cette super-positivité, je me suis posée la question de ce qu’apporte tel ou tel type d’humour… mais aussi de ses limites. Et mis toute cette réflexion (subjective et non-exhaustive) en image 👇
Alors que faire de tout ça ? Est-ce qu’on ne peut vraiment plus rien dire ?
Je pense que l’humour est une chose sérieuse. C’est un instrument de pouvoir : l’humour permet de le partager, le conserver, ou le reprendre. Et tout comme le pouvoir, l’humour n’est pas bien ou mal en soi – l’important c’est ce qu’on en fait. Et comme le pouvoir, ce n’est pas bien ou mal en soi, c’est ce qu’on en fait.
En collectif on a énormément besoin de rire. On le voit actuellement dans les différentes luttes qui sont menées actuellement en France : les slogans impertinents, les publications mordantes, les chroniques humoristique, la satire occupent une place fondamentale dans le militantisme.
🚧 Rendre possible le fait de poser des limites : Une personne qui ne rigole pas à une blague, qui exprime son inconfort, est souvent sanctionnée. On attend souvent d’elle qu’elle se justifie, qu’elle ait une bonne raison de ne pas rire. Ce qui, de manière répétée peut entretenir un sentiment d’exclusion. Contre cela, il s’agit de rendre possible le fait qu’une blague puisse être mal reçue, que ce ne soit pas vécu comme une censure.
À noter que normaliser les limites bénéficie à tout le groupe – y compris à nous qui aimons faire des blagues ! Quand tout le monde est autorisé (et encouragé) à exprimer ses limites sans être jugé, je sais que je ne risque pas de les franchir par erreur, sans le savoir. Donc je me sens plus libre de m’exprimer.
🏝️ Favoriser les espaces de « détente » : littéralement, où on « défait les tensions ». L’humour intervient souvent comme témoin du besoin de désamorcer une réalité ou un message difficile. Ainsi, les temps de discussions informelle ou de jeu peuvent aider à entrer dans le travail des tensions.