La radicalité en questions
La radicalité en questions

La radicalité en questions

Depuis que je travaille la question des pouvoirs dans les groupes, la question de la radicalité m’apparaît comme centrale. Pour moi, ce sont même deux questions, qui sont très intéressantes pour un groupe.

🌍 Qu’est-ce que nous voulons voir comme changement (dans la société, autour de nous, ou à l’interne du groupe) ?
🌈​ À quoi sommes-nous prêt·es pour mener ce changement (les moyens employés, le discours tenus, l’investissement etc.) ?

Et pourtant, j’ai observé que ces questions sont très rarement posées dans les groupes avec lesquels je travaille. Qu’ils soient militants, associatifs etc. 
De mon expérience, trois cas de figure conduisent à esquiver la radicalité : 
  • Dans certains groupes, la radicalité est posée comme une évidence. On est dans la culture du « faire », et celle du sacrifice, qui occultent souvent la remise en question.
  • Dans d’autre, l’idée même de « radicalité » suscite le rejet. On veut être systématiquement dans la juste mesure, et on discrédite les positions perçues comme « extrêmes ». Ce qui finalement empêche la conduite de changement. 
  • Mais le plus souvent, c’est simplement une indifférence et un flou qui règne sur cette question de radicalité. Ce qui  engendre des blocages, des incompréhensions au moment de passer à l’action. Avec des personnes qui ne se sentent pas respectées dans leurs limites. D’autres qui sont déçues, frustrées du manque de portée etc. 
 
🥕​ Dans ces trois cas de figure, c’est l’impensé de la radicalité qui pose problème. Je suis convaincue que c’est un terme qui permet de faire un pas de côté. D’aller à la racine, comme le veut son étymologie. 

Alors je me suis demandée comment penser la radicalité dans un collectif qui aspire à mener un changement.
🚲​ Voila quelques pistes pour démarrer la réflexion en prenant l’exemple d’un groupe d’habitants d’une ville qui lutte pour rendre le centre-ville cyclable :
COLLECTIVEMENT
 
 Quels est notre objectif, notre but ? 
🏆 Ce qu’on souhaite exactement : un centre-ville cyclable = sans voiture ? La création de pistes cyclable ou bien de rue partagée avec les piétons ? 
Quels moyens sommes-nous prêt à employer ? 
 ​🔧​ Voulons-nous faire de la sensibilisation ou conduire un changement effectif ? Envisageons-nous la confrontation avec la Mairie ? Avec les associations d’automobilistes ? 

Quel est notre cadre d’action ?  
⚠️Quelles règles nous fixons-nous ? Quelles limites à ne pas dépasser (violence physique, verbale, détérioration de l’espace public) ? Acceptons-nous le cadre légal ou bien contestons-nous certaines choses qui doivent changer ? 
INDIVIDUELLEMENT

Quel est mon intérêt dans ce changement ? 
 Qu’est-ce qu’un centre-ville cyclable changera à mon quotidien  (sécurité, confort, changement de véhicule) ?

Quelles sont mes limites dans la conduite dans ce changement ? 
⛔ Quel temps ai-je envie de mettre dans cette lutte ? Est-ce que je souhaite être identifié·e à la lutte, par les autres habitants, mes proches etc. ? 
Quels sont mes besoins, mes conditions pour pouvoir m’impliquer ? 
💧 Est-ce qu’il y a des actions auxquelles je ne souhaite pas participer ? Je suis d’accord pour participer à une action de collage de nuit si c’est ponctuel. En revanche, je ne veux pas détériorer. 

📌 En résumé il s’agit de respecter le principe du consentement pour les personnes qui s’impliquent : rendre visible ce que la lutte implique, permettre à chacun d’exprimer ses limites. Pour un même objectif, plein de moyens différents peuvent être envisagés. 

Et si on élargissait ce questionnement à tout ce qui aide à conduire un changement effectif ? C’est la démarche qu’a fait le collectif « Il est encore temps » : partant de leur constat « comment ça se fait qu’on a si peu avancé sur la justice climatique ? ». Il en ressort ce super document :  Le Guide pour plus d’autonomie, de créativité, d’efficacité, et de Radicalité dans la lutte

Les 4 types de mécanismes ci-dessus, sont souvent à l’origine de malêtre dans les groupes. Voilà 6 qu’il est possible de travailler collectivement pour avancer réellement 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *