Répartir la parole
Répartir la parole

Répartir la parole

Pourquoi tant de réunions, tant de temps collectifs sont insatisfaisants ? Souvent, j’en ressors dépitée, découragée… Je me refais le fil des conversations, et je me dit que les échanges auraient pu vraiment mieux se passer.

Alors je me suis mise à regarder ce genre de situation sous l’angle de la parole : qu’est-ce qu’il se passe dans la façon dont elle est répartie ? 
J’ai observé des schémas récurrents :

 🙉 Pas de silence, il y a tout le temps quelqu’un qui est en train de parler.
Conséquence : mon attention est focalisée sur ce qu’il se passe, je n’ai pas le temps, l’espace pour préparer ce que je vais dire. Je me sens stressée. 


🐙 On passe beaucoup de temps sur un point (souvent le premier) de l’ordre du jour. On a envie de le traiter à fond, que chacun donne son avis. Ce qui laisse peu de temps et d’énergie pour les points suivants, qui vont être bâclés. 
Conséquence : de la frustration. J’ai l’impression que le groupe fait un choix implicite d’évacuer certains sujets, et je me sens flouée.

🦖 Un échange se fait entre deux ou trois personnes d’un groupe plus large, les autres deviennent peu à peu spectatrices.
Conséquence : quand je suis spectatrice j’ai le sentiment que ce rôle m’est imposé. J’ai l’impression que c’est une perte de temps pour ceux qui ne participent pas. Ce point pourrait être discuté et traité à un autre moment, par les personnes qui débattent. Quand je participe au débat : je me fatigue, pour découvrir ensuite qu’on n’a pas vraiment avancé, je n’ai pas réussi à convaincre mon/mes interlocuteurs. Je me sens coupable rétrospectivement de ne pas avoir laissé de place aux autres. 

On a beau avoir l’habitude des groupes, on se retrouve facilement à reproduire ces comportements, qui à force peuvent épuiser.

La parole est un enjeu majeur pour faire collectif. Et comme tout comportement, la répartition s’apprend, et nécessite un cadre précis.
Très souvent, on a tendance à réduire les inégalités dans la prise de parole à des traits de personnalité individuels : « elle est très timide, c’est normal qu’on ne l’entende pas beaucoup », « il a tendance à monopoliser la parole, c’est comme ça, c’est un fort caractère »…

La personnalité peut expliquer en partie les différences dans un groupe, mais pas en intégralité : le contexte joue autant voire plus dans la dynamique de groupe. L’environnement, l’état de fatigue, les relations avec les personnes, notre statut dans le groupe, si j’appartiens à une minorité (de genre, sociale, ethnique) dans le groupe : tout ça va être déterminant dans la façon dont je me comporte, ainsi celle des autres envers moi ! Il y a donc une responsabilité collective.

Voici, dans le visuel, quelques pistes, pour prendre en compte compte ces inégalités, d’un point de vue individuel ET d’un point de vue collectif. 👇

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